vendredi 6 novembre 2015

La bordure

Il y a quelques semaines, j'ai réalisé que la plage à côté de laquelle je vis n'est pas juste un lieu de promenade du dimanche. Ce n'est pas uniquement cet espace où s'entassent les touristes européens, forcément déçus de ne pas avoir leur plage déserte.

Ce n'est pas juste un littoral, non, c'est un frontière. La bordure de l'Europe.

En se promenant à Sète, on comprend qu'une frontière peut aussi être un carrefour, un lieu d'arrivées et de départs. Quai d'Alger et quai d'Orient. Quai Rhin et Danube. Et quai de la République.
Oui, il m'a fallu digérer cette photo que je ne voulais pas voir, il m'a fallu passer cette émotion et ce dégoût pour réaliser que ma plage était une frontière. Que j'ai la chance de n'y ramasser que des coquillages et des galets. Et que ça m'évite de me poser la question : que faire après l'émotion ?

Je n'ai rien fait, rien de rien. Je n'ai même pas réagi aux propos odieux entendus par ci ou par là. Je continue à m'informer, à être attentive, pour savoir et ne plus fermer les yeux. Mais je reste pourtant inactive.

Alors, je regarde cette ville en me disant qu'elle ne s'en sort pas trop mal. Les canaux ne séparent pas, on leur a construit des ponts pour pouvoir passer d'une rive à l'autre. Si les plus riches se sont gardés la vue sur la mer, il reste la vue sur l'étang. Et du port, on part, et on arrive.

 


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