lundi 6 mai 2013

L'écume des jours



De l'oeuvre de Boris Vian, je garde le souvenir d'un livre à la couverture noire cartonnée, et dont la reliure encollée était "cassée" par mes lectures successives. Je devais avoir à peu près 12 ans quand j'ai découvert ce texte. 
L'écriture de Boris Vian faisait naître des images très fortes : le héros descend littéralement les escaliers 4 à 4, et donc, 3 marches sur 4 étaient complètement neuves, n'ayant pas à subir l'usure de son pas énergique. J'étais dégoûtée par l'anguille de tuyauterie dont on fait du pâté, j'étais admirative devant le pianocktail, tout en ne comprenant pas comment c'était possible, et j'étais envieuse devant les boutons de Colin, qui en se voyant dans le miroir se trouvaient si laids qu'ils rentraient se cacher sous la peau. 
Et surtout, surtout, l'amour de Colin pour Chloé semblait si fort qu'il pouvait tout, y compris la sauver du méchant nénuphar vivant dans sa poitrine. 

Quand j'ai appris que Michel Gondry allait adapter ce roman au cinéma, ça a été une évidence : oui, il n'y a que lui qui pouvait avoir la sensibilité et l'ingéniosité nécessaires à l'adaptation d'un tel classique. 

Et ça marche vraiment. 

Si au début du film, j'ai craint le rythme effréné, les couleurs criardes et les personnages un peu trop stéréotypés, tout l'humour, la sensibilité, la beauté et l'humanisme du roman de Boris Vian sont respectés et retransmis dans le film. L'anguille n'y est pas si répugnante, le pianocktail fonctionne vraiment et on ne rêve que d'y goûter, et Colin se taille bien les paupières pour ajouter du mystère à son regard. Pour la cruauté de la maladie, la dureté d'un monde où seul compte l'argent, où les philosophes sont des stars addictives et aliénantes, pour l'absurdité d'un travail qui use les corps, tout y est aussi.

C'est beau, c'est triste et cruel. Et ça me donne envie de relire l'histoire d'amour de Colin et Chloé, mais aussi de trouver une bonne biographie de Boris Vian. Parce que, en voyant le film de Gondry, on comprend bien que l'Ecume des jours, c'est déjà à la fois la Complainte du Progrès, le Déserteur, et un morceau de Duke Ellington.

2 commentaires:

  1. ça m'a bien convaincu, je pense que je lirai le livre avant de voir le film, surtout que je n'ai jamais lu Boris Vian : bouh la honte !

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  2. Quelle chance de pouvoir lire ce livre pour la première fois !

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